Cette année, les élèves-ingénieurs de 1ère année ont eu la chance d'assister à la Leçon inaugurale "Les ingénieurs vont-ils "sauver" la planète ?" de Philippe Bihouix, Directeur Général du Groupe AREP, le 16 septembre dernier.
Philippe Bihouix a travaillé comme ingénieur-conseil puis dirigeant dans différents secteurs industriels, en particulier les transports, l’énergie et la construction. Depuis presque 20 ans, il explore les enjeux liés à la consommation de ressources non renouvelables, à la transition énergétique et aux choix technologiques et sociétaux associés, notamment à travers des ouvrages comme L’âge des low tech ; vers une civilisation techniquement soutenable (Seuil, 2014), La ville stationnaire ; comment mettre fin à l’étalement urbain (Actes Sud, 2022), et tout récemment, avec le dessinateur Vincent Perriot, la bande-dessinée Ressources : un défi pour l’humanité (Casterman, 2024)
Les ingénieurs vont-ils "sauver" la planète ?
Alors que les limites planétaires sont désormais dépassées ou se rapprochent dangereusement (changement climatique, effondrement de la biodiversité, dégradation et destruction des sols, pollution généralisée, tensions sur l’énergie et les matières premières), les promesses « techno-solutionnistes » sont plus prégnantes que jamais.
A en croire les prophètes de la Silicon Valley ou d’ailleurs, intelligence artificielle, robots autonomes, puces neuronales et conquête de l’espace seraient notre destin inéluctable. Et en attendant, les énergies renouvelables, les voitures électriques et l’hydrogène « vert » devraient nous permettre de ne pas trop entamer notre « niveau de vie » et de maintenir la croissance, et même de « sauver la planète » grâce à une nouvelle révolution industrielle.
Mais ces innovations sont consommatrices de ressources minières, souvent plus rares, difficilement recyclables. L’humanité va-t-elle évoluer vers un monde d’abondance, toujours plus complexe, efficace et technologique, ou la contrainte sur les ressources matérielles à disposition imposera-t-elle des limites ?
Et si la transition énergétique et nos efforts d’innovation devaient se concentrer plutôt sur les technologies sobres, agiles et résilientes, la mise en œuvre d’une sobriété organisée et systémique, la conception d’objets moins perfectionnés mais réparables et durables, un meilleur « discernement technologique » au lieu d’une course en avant effrénée ?