Perronet et le Siècle des lumières
En France, la construction des routes, ponts et canaux resta très longtemps de la seule compétence des seigneurs, associations de marchands ou ordres monastiques. Avec Colbert, une politique plus efficace vit le jour, mais les techniciens étaient recrutés au coup par coup. Il fallut attendre l'année 1716 pour qu'un arrêt crée un corps d'ingénieurs régulièrement appointés : le corps des ingénieurs des Ponts et Chaussées.
Une cinquantaine d'élèves
La mise en place d'une formation spécifique à ce corps fut décidée par l'arrêt du Roi du 14 février 1747, acte fondateur de l'Ecole. Et jusqu'en 1794, l'Ecole fut marquée par la personnalité de son directeur, Jean-Rodolphe Perronet, à la fois ingénieur, administrateur talentueux et érudit participant à l'élaboration de l'Encyclopédie de d'Alembert et Diderot. L'Ecole comptait alors une cinquantaine d'élèves (Lebon, Bernardin de Saint-Pierre, Méchain, Brémontier…) et pas un seul enseignant. En effet, les élèves recevaient une instruction théorique par auto-apprentissage et par enseignement mutuel dans les domaines de la géométrie, l'algèbre, la mécanique, l'hydraulique…
L'enseignement théorique était complété par une formation pratique assez poussée par le biais de campagnes annuelles sur des chantiers de province ou par des collaborations auprès des savants et seigneurs. Cet aspect pratique de la formation apparaissait aussi dans l'obligation pour les élèves de participer au levé de la carte du Royaume.
La sanction de la formation prenait en compte tout à la fois l'assiduité, les études antérieures, les cours extérieurs, les campagnes annuelles, les cours professés et les résultats aux concours : la durée des études pouvait alors varier de 4 à 12 ans.
Une école d'application
L'enseignement se structura peu à peu et les ingénieurs des Ponts et Chaussées accrurent progressivement leurs prérogatives en s'adjugeant un quasi monopole sur l'aménagement du territoire. A la Révolution, des voix s'élevèrent pour critiquer le caractère autoritaire de cette politique tandis que naissait l'idée de créer une puissante école regroupant les élèves des Ponts, des Mines et du Génie. L'Ecole Polytechnique vit ainsi le jour en 1795 et l'Ecole des Ponts fut conservée comme école d'application.